Sus au développement du râble (de lapin)

Le fameux jour du dépassement global a eu lieu le 8 août. Nous avons consommé l’ensemble des ressources renouvelables disponibles de la planète pour 2016. Heureusement, le 1er janvier 2017 (ou le 2 parce que c’est férié), Neptune doit nous livrer la même chose. Ouf.

N’empêche, il faudrait bien trouver une solution. Heureusement, tout le monde est concerné, et souvent même très moralisateur. On nous sort de l’hybride, des éoliennes en veux-tu en voilà, pléthore de solutions d’économie d’énergie et des forums à gogo.

Moralité, tu laisses la lampe allumée quand tu sors de la pièce ? Tu es un nazi.

J’aimerais vraiment, oui, vraiment, que l’énergie employée à expliquer que laisser sa lampe de bureau allumée, ça tue la planète, le soit aussi pour expliquer que manger un steak, ça tue encore plus la planète. Alors quand j’entends mes voisins de table se plaindre des gens qui ne font pas d’effort, de ces connards qui ne trient pas, de ces nodocéphales qui roulent en diesel, tout cela en engloutissant leur tête de veau ravigote et leur foie de poulet bouilli au cheddar (recette non contractuelle), ça me fait doucement rigoler.

Doucement, parce que la dernière fois que j’ai rigolé fort avec méchanceté à ce que racontaient des inconnus à côté, je me suis pris un pain.

Combien de fois faudra t-il le répéter ? L’élevage est une catastrophe écologique.

L’élevage est responsable d’environ 15% de la production des gaz à effets de serre. C’est plus que les transports (dont les transports de « bestiaux » qui n’existeraient pas sans élevage de toute façon). L’élevage mène à la déforestation, au gaspillage des terres et de l’eau. Parce que le cochon qu’on mange, faut bien qu’il bouffe. Et il bouffe plus que moi, oh oui madame. Des légumes. Des légumes que j’aurais pu bouffer moi-même directement, mais comme on a décidé que les légumes devaient d’abord entrer dans un cochon, et que c’est ce cochon qui serait découpé pour rentrer dans moi après, tout ça prend beaucoup de place. L’énorme majorité des terres déboisées en Amazonie (et ailleurs) le sont pour l’élevage ou pour les cultures de nourriture pour le bétail.

Alors le « naaaaaaan, j’mange plus d’Nutella, y’a d’l’huile de palme » du quinqua brun à moustache et à furoncle qui en est maintenant à son troisième travers de porc moutarde-munster, laissez-moi dire que cela me fait doucement rig… Bref. En plus il s’est foutu du munster fondu dans la moustache, c’est dégueulasse.

Chaque fois qu’on décide de remplacer un menu carné par un menu végétarien, on économise en eau l’équivalent de cinquante bains. 50 bains. Je le mets en chiffres et en lettres pour bien mettre en exergue.

Alors le « tu vois, elle ferme pas le robinet quand elle se brosse les dents, ça me saouuuuuuule » de la binoclarde à cardigan beige qui mastique (elle parle la bouche pleine en plus) son méchoui de cabillaud tout en découpant sa tarte œuf-œuf-œuf (poule, autruche et ornithorynque), laissez-moi dire que haha.

Si l’on s’intéresse à l’avenir de la planète, et même si l’on aime manger du béluga en sorbet et que le bien-être animal nous laisse aussi froid que le sorbet susmentionné, il est logique de s’opposer à l’élevage. Et pas juste d’un « oui, l’élevage intensif, holala, c’est pas bien ». Non : boycottons, arrêtons de consommer, revendiquons, arrêtons-nous cinq minutes pour boire un peu et repartons, soyons véritablement acteurs du changement.

Ça pourrait être un slogan politique, ça : « Soyons acteurs du changement ».

Je ne connais pour ainsi dire personne qui, aujourd’hui, ne reconnaît pas qu’il est important de veiller à son empreinte écologique. Tous ne le font pas, mais tous savent, et admettent qu’il faut le faire. C’est déjà ça. Et beaucoup de gens ont changé leurs habitudes : ils ne prennent plus leur voiture autant qu’avant, ils mangent local, ils font attention à leur consommation d’énergie. Alors pourquoi pas diminuer voire arrêter la viande ? C’est encore plus efficace, et au fond, ça ne remet pas plus en cause ses habitudes que prendre le vélo plutôt que la voiture pour aller travailler ou faire du covoiturage pour partir à La Baule-les-Pins voir Dick Rivers en concert.

Tous les petits actes que l’on peut faire pour se sortir de cette situation sont bons à prendre. Mais pourquoi ne pas faire aussi ceux qui ont l’impact le plus important ? Devenir végéta*ien aide la planète, et pas seulement les vaches et les poulets : les humains aussi.

Et merde, ils ont pris du dessert.

*Note de bon aloi car je n’ai pas été assez clair me semble t-il : je répète que TOUS LES GESTES sont bons à prendre selon moi. Et arrêter la viande ne dispense pas d’éteindre la lumière par ailleurs. Ce que je veux mettre en lumière ici, c’est le paradoxe entre la volonté des gens de sauver la planète et le fait que l’une des plus grandes causes de sa déchéance leur passe totalement au-dessus de la tête.

6 réflexions sur “Sus au développement du râble (de lapin)”

  1. Faut dire qu’éteindre la lumière ou économiser l’eau, ça va bcp faire baisser le CA d’EDF ou Suez, alors que la viande! Je comprends pourquoi on nous faisait croire il y a dix ans: les petits gestes sauveront la planète! D’ailleurs, avez-vous remarqué que la COP21 n’a pas du tout évoqué le sujet?

    1. Absolument. J’étais bénévole là-bas ; pas un seul stand sur le sujet. Certains stands étaient consacrés à des sujets connexes (WWF, FAO, LPO..) mais rien sur le végéta*isme. Et la buvette n’était pas végé-friendly pour deux sous : les wraps au confit de canard, ça va deux minutes.

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