J’ai un peu de mal à y croire. Le Royaume-Uni va quitter l’Union européenne, le Brexit est prononcé. C’est une éventualité qui me paraissait tellement abstraite il y a quelques années : le départ d’un Etat membre de l’Union européenne.
Il n’est pas question ici de prendre partie pour ou contre le Brexit, ni de faire une analyse des conséquences économico-politico-kafkaïennes d’un tel retrait. En revanche, il me semblait qu’un petit point sur les conséquences que cela entraîne pour les animaux était pertinent. Ils n’ont même pas pu voter en plus.
On peut penser ce qu’on veut de l’UE, de la pertinence d’une organisation supra-nationale ou sur de ses politiques libérales, mais le fait est que l’UE a beaucoup fait pour les animaux.
Pas assez, certes : on n’en fait jamais assez. Et peut-être pas pour les bonnes raisons. L’animal, pour les Etats comme pour l’UE, restent des marchandises avant tout. C’est horrible, oui.
Mais d’un strict point de vue pragmatique, près de 80% des lois britanniques améliorant la condition animale provient de l’UE. Qu’il s’agisse de s’assurer que les cochons ou les poules aient plus d’espace (ce qui n’enlève encore une fois rien au fait que le principe de l’exploitation animale soit un scandale), d’en informer les consommateurs, ou de contrôler les conditions d’enfermement dans les zoos, c’est l’UE qu’il faut remercier. Le droit européen s’impose à l’ensemble des Etats membres (je n’entre pas dans les détails), et ce qui est voté à Bruxelles doit être appliqué à Paris ou à Prague. Quand le divorce sera consommé, plus à Londres.
Deux exemples (parmi d’autres) de normes européennes « plus protectrices » :
- Le règlement 1099/2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort. Oui, je sais. En tout cas, en théorie, ce genre de règlement pourrait être « abrogé » dans le pays maintenant que le Royaume-Uni a décidé de quitter l’UE. C’est juridiquement et économiquement plus compliqué que ça (ces règles devraient être respectées quand le Royaume-Uni veut exporter au sein de l’UE), mais vous avez compris.
- La directive 1999/74/CE sur la protection des poules pondeuses. Cette directive prévoyait notamment la fin de l’élevage en batterie conventionnel, ce qui a été réalisé dans certains pays (Autriche, Belgique), et malheureusement pas encore complètement dans d’autres. Oui, c’est une directive de 1999, mais souvenons-nous que certaines choses prennent du temps. En tout cas, là encore, le Royaume-Uni n’aura plus besoin de se mettre aux normes.
Il faut également noter que les règles européennes sont des standards minimums, ce qui n’empêche en aucun cas un Etat membre de prévoir des règles plus protectrices. Il ne peut donc être nullement question de nivellement par le bas. Aucune raison donc que la situation soit meilleure pour les animaux. Elle ne pourra être que similaire, ou pire.
Par ailleurs, les conservateurs (dont David Cameron et Boris Johnson, porte-étendard du Brexit, font partie), ont un agenda de dérégulation s’étendant évidemment jusqu’aux lois protégeant les animaux. Laisser à l’industrie du poulet le soin de décider les règles qui doivent s’appliquer à l’industrie du poulet, ça sent pas bon pour les poulets. C’est un peu comme me laisser gérer la banque quand on joue au Monopoly, ou plus exactement me laisser le contrôle absolu de la création de mon personnage lors d’une partie de Dungeons & Dragons. Mais je m’égare.
Quel que soit le successeur de Cameron (qui vient de démissionner, à l’heure où j’écris ces lignes), je ne pense pas que cet agenda soit remis en cause.
Un autre problème porte sur la liberté de circulation : les marmottes et tamanoirs européens devront dorénavant emporter leur passeport pour aller à Londres. Or, ils n’en ont pas, ne sachant même pas ce que c’est, les cons.
Blague à part, ce n’est pas un hasard si les associations concernées par le bien-être animal avaient appelé à rester dans l’UE. Je suis assez pessimiste pour la suite.
…
Quoi ? Ha, vous voulez une blague pour terminer ? Heu… Protéger les animaux au Royaume-Uni, ça va dorénavant être une autre paire de Manche.
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