Le végétarisme/végétalisme/véganisme devient de plus en plus à la mode. Certes, c’est encore parfois vu comme un truc de bobo et nous passons assez souvent pour des hippies carencés aux cheveux gras. Mais les choses avancent, je crois. L’affaire récente de l’abattoir du Vigan, dans lequel la souffrance animale a été mise en lumière par l’association L214, a eu un retentissement assez impressionnant dans le pays.
Je veux dire par là que même des gens qui ne connaissent pas grand-chose au véganisme et qui ne se soucient que du bien-être animal lorsqu’il s’agit de dénoncer les Chinois qui mangent du chien ou la viande de cheval – parce qu’un poney c’est trop mignon – ont réellement compris que, dans les abattoirs, se déroule au quotidien une véritable boucherie (haha).
Car ce qui se passe dans l’abattoir du Vigan se passe plus ou moins dans tous les abattoirs. Des images de cet acabit ont été tournées à de nombreuses reprises dans divers endroits, et c’est seulement grâce à une campagne de communication très efficace que ces images-là, spécifiquement, ont eu un tel impact.
Ce scandale est symptomatique selon moi d’un amalgame courant. J’ai l’impression que l’étonnement – voire l’indignation – de beaucoup de gens trouve son origine dans le fait qu’il s’agit d’un abattoir certifié bio. Personnellement, j’ai du mal à voir le rapport. On peut très bien mettre des vaches vivantes la tête la première dans des machines-de-la-mort sans utiliser d’OGM. Je pense que la confusion vient du fait que l’on associe la notion de bio à la nature, aux animaux gambadant tranquillement dans les prés, aux agriculteurs faisant des câlins à leurs bêtes… Les jolis emballages verts gazon et les publicités qui vendent du rêve bio n’aident pas à faire cesser cette assimilation.
L’agriculture biologique peut générer moins de souffrance animale, certes. Il existe bien des dispositions allant en ce sens : les animaux sont mieux nourris, ils ont davantage accès à l’air libre…
N’empêche.
Le problème, et cela peut se voir en filigrane dans le scandale de l’abattoir du Vigan, c’est que cela donne bonne conscience à beaucoup de gens. Car non, même dans les abattoirs bio, les animaux ne sont pas « bien traités ». Le simple fait qu’il s’agisse d’un abattoir, donc d’un endroit où ils sont tués devrait être assez révélateur. Et dans les élevages, en amont, c’est pareil : mis à part quelques ajustements par-ci, par-là, les conditions de vie des animaux sont très proches de ce qu’elles sont dans les filières classiques.
Et cela vaut pour tous les types de labels ou qualifications possibles et imaginables (plein air, commerce équitable, Label Rouge…). Il n’y a pas de traitement digne, respectueux, « humain » des animaux lorsque ceux-ci sont élevés dans des conditions comme celles-ci, dans le but d’être envoyés à la mort pour satisfaire le plaisir des humains.
Que certaines personnes considèrent que toute exploitation animale, bio ou pas, est justifiée parce que les animaux non-humains sont quantité négligeable, soit. C’est un autre problème. Un fourvoiement, mais un autre problème. Mais croire que le bio est respectueux du bien-être des animaux, c’est à mon avis une grosse erreur. Ce n’est pas parce qu’on caresse son chat avant de lui foutre une torgnole que cette torgnole est justifiable.
Quant au mois de mars, je le dis sans aucune arrière-pensée politique, ça m’étonnerait qu’il passe l’hiver.
Que les gens (non végé/vegan/etc) voient ça, c’est cool. C’est une première pierre à l’édifice. Parce que pour qu’ils prennent conscience qu’ils sont quelque part aussi responsable de ça, c’est une autre paire de manche…
Top.
Moi le premier, ça m’a donné bonne conscience pendant longtemps.
Je me racontais des histoires bien sûr.
Un conseil de lecture : The modern savage, de James Mc Williams.
Tiens, je l’ai pas lu celui-là. Merci !
Ping : Super-Vegan est potentiellement un super-vilain | How I Met Your Tofu
« mis à part quelques ajustements par-ci, par-là, les conditions de vie des animaux sont très proches de ce qu’elles sont dans les filières classiques »
Est-ce que cette affirmation ne mériterait pas quelques arguments ?
Bien sûr !
Tout d’abord, le « bio » concerne surtout les méthodes d’élevage, pas la mise à mort. Et même pour ça, on n’est pas dans de l’animal « heureux », loin de là : un poulet Label rouge ou bio, par exemple, doit attendre 81 jours pour être abattu (contre 40). Le temps de transport doit être réduit. L’animal ne mange pas d’OGM. Les appareils d’abattage sont nettoyés entre deux passages d’animaux (ça leur fait une belle jam… patte).
C’est ça que j’appelle des ajustements. encore une fois, c’est mieux, certes, mais c’est très proche des filières classiques pour moi. Ça peut se discuter.